Départs

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Quelle étrange sensation, mais quelle libération
De prévoir & planifier un départ sans retour
Sans craindre le moindre danger
Ou le moindre pincement de cœur
À l’idée de se dire « Je laisse tout un monde derrière »
Un monde qui m’a construit
Que pour me démolir
Si bien que ma seule chance de bonheur
Est celle de partir

Moi qui écrit mes listes d’épiceries
Comme j’écris de la poésie
Moi, je ne vois la beauté
Que dans l’amour de soi
Moi, je n’ai pas ma place
Dans les pays de la haine de soi

Je partirai cheveux aux vents
Tels mes voiles se gonflants
Jusqu’aux pays du Levant
Je ferai le nécessaire pour quitter
Bien quitter, mais quitter sans ramasser
Ce bordel dans lequel ce système m’a conçu
Puis réduit en miettes
Qu’avec fierté, j’appelle Messy Erzast

Je délaisse tous ces gens
Amis, family, docteurs et turds
Tous ceux qui ont prétendu m’aider
En jouant l’administrateur à court de rations
Lorsque j’avais besoin de soldats
Ou à tout le moins de fanatiques
Pour mener à bien cette révolution

Mais comme je n’entends pas la foule
Noyée dans la cacophonie orchestrale
Alors, je joue de la fugue
En free rider des Amériques

Free rider ridant à travers l’Océan
Se tournant en gay Che
Verrat du vieux continent
Qui y criera à pleins poumons :
« Qu’en est-il de nous ? »

Si, si…

Et si fort
Que j’en réveillerai jusqu’au plus petit des grands de la Terre
& tous ces pauvres gens qui cachent leur puissance
Cachée si bien qu’ils en ont perdu la tête

Pour les réveiller
Pour les soigner
Je valserai avec la mort
Lui disant : « Viens
Mais ne viens pas quand je serai seul »

Et nous valserons au gré du vent
Jusqu’à ce que la faux dans mon cœur
Je puisse lui planter ma lame dans le dos
Pour tuer la mort
La faire mourir sur scène
Fusillée des regards de la salle
Comblée de voir en direct
Périr la fin de leurs jours

& je repartirai la mort dans le sac
Pour trouver mon nouveau départ
Ma voile engouffrée d’un nouveau vent
& l’hiver disparu
Et qui, tout comme moi
On ne recherche même pas

Et seulement libéré de ces automates ensommeillés
Verrais-je le Soleil pour la première fois

Naîtrai-je en même temps que le premier jour ?

À la lumière de ce nouveau feu
On pourra enfin relire la poésie
Par le chœur qui ne l’a vu naître
Que par le cri de douleur de la mère
Et n’a pas remarqué son sourire
Avant qu’on le frappe
Pour expulser les eaux
De ses voies respiratoires
(Ses pleurs pour premier départ
Alors qu’il naît machine à rire
On lui apprend à pleurer
Pour se pourrir la vie
Comme si de devoir l’avoir
N’est pas déjà punition suffisante)
& je donnerai pour tout héritage
À cette déshumanité
Toutes mes dettes finançant un nouveau départ
Où après le diktat
De fructifier et de se multiplier
Puisse-t-on enfin se diviser
Pour dévorer les fruits à moitié moisis
Qui dorment en pile dans les paradis fiscaux
& ce sera un départ nouveau
Dans nos propres paradis permis
& pas qu’aux fils

& ce paradis livré
Je trouverai encore le moyen
D’y construire le mien propre
Dans une parfaite mise en abyme
La première qui n’abime
& enfin un lieu où c’est permis
Car pour une fois
& pour le dernier départ
Nous n’avons plus besoin d’un dieu.

signé Messy Erzast

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