Les Chrétiens et les Musulmans ne prient pas Dieu


Le Christianisme et l’Islam sont toutes deux les religions les plus répandues, et pourtant, elles ne prient pas vraiment Dieu. Ils vénèrent des ersatzs de Dieu : des tenants-lieu, des remplacements. Pour les chrétiens, cet ersatz est la Sainte-Trinité. Cependant, la Sainte-Trinité n’est pas Dieu, ni un symbole de Dieu, mais un symbole de la relation entre Dieu et le croyant. Cependant, ils sont sur une bonne piste en priant un Dieu personnel. Pour les musulmans, cet ersatz est le nom de Dieu. Cependant, le nom de Dieu n’est pas Dieu, mais un terme utilisé pour y référer. Ainsi ils prient la référence à Dieu, « Allah » qui n’est qu’un mot.

Laissez-moi m’expliquer… Mais avant cela, je veux spécifier, que ce qui est pointé du doigt comme faute n’est pas l’intention, mais ce qui est fait en pratique, « objectivement ».

« Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »

Lorsque les chrétiens commencent et terminent la prière, ils font le signe de la croix en disant « Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » croyant qu’ils réfèrent à Dieu « le Père » de Jésus « le Fils » et au Saint-Esprit. Cependant, Dieu n’est pas « le Père ». C’est un symbole : Jésus est le prophète du symbolisme. Il parle en paraboles, et présente des métaphores et des signifiant. Lorsqu’il dit « mon Père », c’est métaphorique. Le « Père » représente la relation entre Jésus et Dieu, et ce, à deux niveaux: 1) au niveau de la génération : Dieu a généré Jésus, et Jésus s’est fait en lui-même similaire à Dieu et donc 2) ils se ressemblent en ce que leurs êtres ont un « air de famille », « de parenté », comme deux personnes peuvent se ressembler, sans être la même.

Or, Dieu n’est pas ce lien que Jésus a avec Dieu : et Jésus n’est pas Dieu, mais il en est un substitut. Comme du Splenda n’est pas du sucre, mais peut servir de remplacement. Ainsi, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas des hypostases de Dieu, tel que le veut la tradition. Ce sont des ersatzs de Dieu. (D’où la signification du nom du site.) En tant qu’ersatzs, ils en sont une copie, mais en eux ne se trouve pas l’original copié.

Ainsi, nous ne prions pas Dieu lorsqu’on dit « Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », mais nous prions le Nom de ces trois ersatzs : et ce nom est « Sainte-Trinité » et non pas celui de Dieu. Un bon remplacement pour le début de la prière serait de dire : « À Dieu, au Père, au Fils et au Saint-Esprit ». Ainsi, les chrétiens préservent dans la prière, la Sainte-Trinité qui leur est chère, mais s’adressent ainsi directement à Dieu aussi, et en premier.

L’erreur que font les chrétiens est de substituer le symbole à son signifiant. Ainsi, il faut se rappeler que la Sainte-Trinité est la Sainte-Trinité de Dieu. Ils prennent le symbole pour la vraie chose. De surcroît, « Au Nom du Père… » dit littéralement que la prière est adressée « Au Nom » et pas au « Père ». Ce faux-pas sera aussi celui de l’Islam.

« Notre Père » ?

Sur la question du « Notre Père », retournons-au texte original. Rappelons-nous que les manuscrits étaient en grec ancien à une époque où la ponctuation, les espaces et les majuscules n’étaient pas utilisés. Ainsi, Notre-Père, en grec, est « Πατερ ημων » (Pater hémon) s’écrit sur les papyrus : πατερημον (paterhémon) et les lettres pourraient être collées de telle sortes qu’un « α » (a) ou un « οι » (oi) peuvent être confondus. Les erreurs de copistes sont une réalité avec laquelle nous devons composer. Ainsi, nous avons la possibilité que ce soit ποι τε ρημον « Poï te Rhémon » « Vers/À toi, Rhémon… (qui est aux cieux.) » Je choisis de suivre cette interprétation du texte grec car elle rejoint le Coran en ce que « Rhémon » est un des noms de Dieu. Jésus montre donc bien comment s’adresser à Dieu.

Dans le Coran

بِسْمِ ٱللَّهِ ٱلرَّحْمَـٰنِ ٱلرَّحِيمِBiSuMi AouLLaHiAou LRaHMaNiAouRaHiM
Sourate 1, verset 1[1]

Bi SuMi = Mon nom est/Il entend/Au Ciel/En le nom de…
Aou = ou/soit…
LLaHi=mon Dieu…
Aou al-Rahmani = ou/soit ma Miséricorde…
Aou Rahim = ou/soit matrice…
Rahman, Rhémon, ont les mêmes consonnes et font ici figure de nom. C’est « mon RHMN » dans le Coran. Ainsi, il s’agit bien d’un Dieu personnel : si on prie un dieu abstrait, le mot « Allah », il n’entend pas. Il faut dire littéralement : Ô « mon Dieu »!

« Bismillah » …

Commencer une prière avec « Bismillah » c’est commettre le même geste que de dire « Au nom du… » en ce que la prière est adressée au Nom, ou est « en le nom » d’ « Allah ». Ainsi, c’est au mot « Allah » que la prière est dirigée. Pourtant, un abjad a ceci de particulier, qu’il permette multiples interprétations. Que la tradition ait retenue l’interprétation où les croyants adressent la prière « Au Nom d’ « Allah » » est un sacrilège. BiSuMi, Mon Nom est Allahi, Mon Dieu. Aou eL-Rahmani, Ou Ma Miséricorde, Aou Rahim, Ou Rahim (Matrice).

Ainsi, la prière adressée à autre qu’un Dieu personnel n’est pas entendue. Si on l’adresse « Au Nom », elle ne se rendrait pas à la bonne destination. « biesmallahi », « mon Dieu entend » serait déjà mieux. Ou simplement « Allahi ». Le Tawhid signifie l’unité de Dieu et c’est le premier pilier de l’Islam. Mais pour adresser une prière à un Dieu qui soit un, sans que ce soit un Dieu personnel, revient à prier son Nom : le mot « Allah ».

Comme il est impossible de concevoir Dieu dans sa totalité, et ce, pour qui que ce soit, on ne peut pas le prier directement. « Prier » Dieu, alors qu’on ne peut pas le concevoir est absurde. C’est comme ne pas savoir à qui on s’adresse. Mais « mon Dieu » est différent : on peut concevoir un tel Dieu. En étant un personnel, c’est-à-dire qu’il est compris différemment d’une personne à l’autre, il devient concevable. Le Tawhid a fini par faire de Dieu pour les croyants rien de plus qu’un mot : « Allah » car c’est la seule unité de Dieu qui soit concevable pour nous tous en même temps. Le signe qui y réfère.

Ainsi, à la façon dont nul ne peut voir le Hajj de tous ses côtés en même temps, nul ne conçoit Dieu dans son entièreté : nous sommes forcés de le concevoir subjectivement. Tous autour du Hajj ont une perspective différente sur le Hajj, même si le Hajj est un. Ça ne compromet pas l’unité de Dieu : il reste un. C’est nous qui sommes multiples et différents. Ainsi lorsqu’on ne s’adresse pas à un Dieu personnel, on ne peut s’adresser qu’à son Nom : un mot.

En conclusion

Ainsi, les chrétiens et les musulmans font la même erreur : ils vénèrent un « tenant-lieu » de Dieu, au lieu de Dieu Lui-même. Quelqu’un a beau vouloir s’adresser à Dieu, s’il s’adresse à un symbole ou à un signe, il ne s’adresse pas à Dieu. Du côté chrétien, c’est le symbole de la relation Dieu-croyant qui est adorée : donc ce n’est pas Dieu, ni la relation, mais le symbole de la relation avec un Dieu personnel.  C’est de la symbolâtrie (j’ai inventé ce terme). Du côté musulman, ils confondent le mot « Allah » et Dieu. Le mot « Allah » est le signe désignant Dieu. C’est une onomalâtrie (j’ai inventé ce terme). Symbole ou signe : ce n’est pas Dieu qui est adoré, alors c’est comme de l’idolâtrie. OMG! (Justement)

Ce sont les autorités religieuses qui sont ici à blâmer: le clergé pour les chrétiens et les islamologues pour les musulmans. Ce sont eux qui ont propagé cette façon de prier au Nom de… et au lieu de prier à Dieu directement, même si j’en suis certain, la majorité des prieurs pense à dieu même s’il disent mot-pour-mot que la prière s’adresse au Nom seulement. Heureusment, la RelyDj1 résoud le problème en faisant de Dieu l’unité de toutes ses parties.

Ceci est une bonne leçon que les chrétiens et les musulmans ont à apprendre les uns des autres. Ce n’est pas pour rien que Dieu a fait des uns et des autres les deux religions les plus répandues : comme quoi tous deux ont raison de penser que l’autre a tort. Dieu a une bonne Conception unitaire dans l’Islam, mais le rapport Dieu et croyant manque de philosophie. « Allah » résonne différemment pour chaque personne : on peut dire les mêmes mots et toujours ne pas s’entendre. Ainsi, l’unité de Dieu n’est pas concevable pour les humains. Il est forcément personnel, sur ce point, les chrétiens ont un point, mais personnel ne veut pas dire anthropomorphique. C’est simplement que pour chacun cest « son Allah » qui n’est pas le même pour tout le monde, mais qui est un pour chacun et pour lui-même.

Pour mot de la fin, je vous invite tous à dire avec moi : Allahi akbar.

« Oh My God … it is soo big … »


[1] Note : le plus vieux manuscrit est en abjad, c’est-à-dire, un alphabet sans voyelles (comme les textes en hébreu de la Bible), les voyelles sont ajoutées. Donc avant la rédaction d’un manuscrit avec des diacritiques (représentant les voyelles), c’est la tradition orale qui transmet la prononciation du texte. Les diacritiques ont été introduites dans l’alphabet arabe pendant le califat des Umayyads, donc après la mort du Prophète Mohammad. Il n’aurait pas été là pendant l’ajout des diacritiques. Sans douter de la bonne foi de ceux qui les ont ajoutés, la mémoire humaine reste faillible.


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