Anti-causalité : Que fait-on lorsqu’on parle de la météo?


Parfois, notre conception traditionnelle du monde peut être limitative. Chez Ersatzs, nous encourageons l’expérimentation avec différentes théories. Nous pensons que les cadres théoriques doivent être discutés et qu’il vaut la peine de proposer des perspectives alternatives pour comprendre le monde et son fonctionnement. Notre critique du principe de non-contradiction et de l’idée selon laquelle il est impossible de diviser par zéro illustrent nos efforts pour offrir des approches alternatives dans l’étude des phénomènes. L’objectif est d’atteindre une compréhension du monde qui soit habilitante.

Nous pratiquons souvent la validation comme méthode. Selon nous, le cosmos suit un processus constant de validation, et nous remarquons que bon nombre de scientifiques ne reconnaissent pas ce schéma. Des personnes peuvent avoir des perceptions du futur à travers des visions prophétiques ou des souvenirs d’événements passés qui ne se sont pas réellement produits. Souvent, les scientifiques discréditent ces phénomènes comme étant des formes de psychose ou de déficience de la mémoire, bien qu’ils n’expliquent pas toujours directement cette interprétation à leurs patients.

Ce qui semble certain et évident mérite parfois d’être réexaminé. La position actuelle des scientifiques pourrait être comparée à celle de l’Église catholique envers Galilée : bien qu’elle paraisse logique aux yeux de certains, elle pourrait être sujette à évolution. Aujourd’hui, la vision de l’Église catholique lors du procès de Galilée est devenue marginale. Nous espérons fournir une explication alternative à certaines observations dans ce texte.

Nous souhaitons démystifier la notion temporelle de la causalité. Nous commencerons par expliquer la conception scientifique actuelle de la causalité. Ensuite, nous examinerons son opposé, l’anti-causalité. Si le passé cause généralement le présent, nous soutiendrons que nos intentions et planifications permettent au futur d’influencer également le présent.

Nous appelons à réviser la conceptualisation du temps pour montrer comment la conscience nous fait voyager du passé au futur et inversement sans que nous en soyons pleinement conscients. Ce que nous appelons des « prévisions » pourraient être considérées comme des prophéties.

De même, les « faux-souvenirs » suscitent des questions intéressantes sur le voyage entre univers parallèles. Pourrions-nous nous souvenir de passés alternatifs ayant eu lieu dans d’autres univers ? Si tel est le cas, cela suggère la possibilité de voyager entre dimensions. Si nous percevons effectivement des passés alternatifs, alors une connexion entre les dimensions serait envisageable.

Commençons.

La causalité

Pour appréhender le concept de causalité, il est primordial de comprendre la notion de phénomène. Un phénomène se définit simplement comme ce qui est perceptible par nos sens. Par exemple, la vaste étendue de bleu visible en levant les yeux dehors est désignée sous le nom de ciel. Le phénomène ici n’est pas le ciel en lui-même, mais plutôt le ciel tel qu’il apparaît à un observateur.

Il convient de ne pas confondre un phénomène avec la chose en soi perçue. En effet, en épistémologie, la chose en soi et le phénomène sont opposés : la première est imperceptible, tandis que le second se manifeste à notre perception. La chose en soi est généralement perçue comme étant la cause du phénomène dans notre perception, bien que cette chose en soi demeure inaccessibles à nos sens.

Le lien entre la chose en soi et le phénomène est traditionnellement envisagé comme un lien de causalité. Mais qu’entend-on exactement par causalité? Celle-ci est souvent définie comme un lien de dépendance entre deux éléments, qu’ils soient phénoménaux ou appartenant à la catégorie des choses en soi. Ce lien implique que la cause est nécessaire pour que l’effet existe. Durant le siècle des Lumières, l’existence de la causalité faisait encore débat : certains affirmaient son existence et l’existence de liens nécessaires entre les phénomènes tandis que d’autres contestaient la nécessité de tels liens.

Le débat des Lumières

Il y avait deux principaux camps qui débattaient de la question : appelons-les les réalistes et les empiristes. Les uns disait que la causalité existe réellement et les empiristes qu’elle n’est qu’une idée, mais n’ayant de preuve de son existence, elle ne serait pas plus qu’une idée.

Les réalistes étaient principalement des idéalistes qui croyaient que les idées ont une existence réelle dans la nature. Ils sont appelés réalistes car ils croient en une correspondance entre les idées et la réalité. Par exemple, si une personne a l’idée d’un livre en tête et qu’elle est réaliste, elle pense que l’idée qu’elle a du livre correspond au livre lui-même. Et si cette personne a l’idée de le brûler, elle n’aurait pas besoin de le faire pour imaginer qu’il ne sera plus qu’un tas de cendres, car elle considère que la chaîne de causalité, du papier au feu jusqu’aux cendres, est clairement établie. Pour les réalistes, la causalité est un fait réel et le lien de dépendance entre les phénomènes existe réellement.

Pour les empiristes, la causalité est une illusion de l’esprit. Ne croyant qu’à ce qu’ils voient, ils constatent seulement deux événements successifs sans lien de dépendance nécessaire, concluant ainsi que la causalité n’existe pas. Par exemple, bien qu’on observe un livre brûler et devenir cendres, on ne voit pas le processus qui cause cette transformation. Les objets sont visibles, mais pas leurs relations causales.

Dans un monde sans causalité, les liens entre phénomènes ne sont pas nécessaires. On peut faire des conjectures, comme le fait statistique qu’une boule bouge après avoir été frappée par une queue de billard. Lors du jeu, un réaliste voit la causalité dans le déplacement de la boule blanche touchée par le bâton, tandis qu’un empiriste ne voit que deux actions successives sans pouvoir affirmer que l’une cause l’autre. La cause elle-même n’a ni forme, ni couleur, ni odeur, mais reste intelligible.

La résolution du débat

Le débat des Lumières sur la causalité trouve sa résolution à la fin du siècle des Lumières dans la position synthétisante d’Immanuel Kant. Cette position transcende le débat sans se contenter de couper la poire en deux. La solution kantienne a ouvert un nouveau champ d’exploration philosophique, influençant les idéalistes allemands jusqu’à Hegel, dépassant ainsi le débat initial.

Dans la *Critique de la raison pure*, l’œuvre-phare de l’épistémologie kantienne, deux éléments sont fondamentaux à toute expérience : l’intuition et l’entendement. L’intuition reçoit les phénomènes et fournit les perceptions, qui sont ensuite traitées par l’entendement. En d’autres termes, l’intuition englobe les sens à travers l’espace et le temps où se déploient les phénomènes sensibles, tandis que l’entendement fonctionne comme le cerveau traitant ces informations sensorielles.

Selon Kant, la causalité n’est pas inhérente à la nature, contrairement à ce que croyaient les idéalistes, mais est une catégorie de l’entendement humain. Contre les empiristes, Kant soutient que la causalité ne doit pas être perçue comme une entité matérielle discernable ; c’est plutôt une catégorisation de nos observations. Il adopte une approche réaliste en affirmant que la causalité est bien réelle au sein du sujet. Elle constitue une catégorie pure de l’entendement, un filtre à travers lequel nous comprenons les phénomènes.

Les phénomènes apparaissent liés entre eux car notre système cognitif traite l’information selon un modèle de causalité temporelle : ce qui précède cause ce qui suit, lorsqu’il y a contact entre les deux. Ainsi, nous observons la queue de billard toucher la boule sans voir explicitement la causalité, mais nous enregistrons cette interaction comme un lien causal entre le bâton frappant la boule de billard et son déplacement ultérieur. Cette explication satisfaisante a été largement acceptée par de nombreux philosophes, au point que la question de la causalité n’est plus guère posée aujourd’hui.

Le préjugé à étudier

Il existe des préjugés qui passent souvent inaperçus. Premièrement, le schéma temporel de la causalité peut être remis en question et inversé. Si la dépendance est telle que ce qui précède est nécessaire à ce qui suit, pourquoi cela ne pourrait-il pas être l’inverse ? Pourquoi le sens de ce lien devrait-il correspondre à notre perception ?

Nous percevons les phénomènes dans une seule direction temporelle parce que nous ne pouvons pas remonter dans le temps avec les technologies actuelles, mais pourquoi ce qui précède cause-t-il nécessairement ce qui suit ? Nous pourrions théoriquement expérimenter le temps dans l’autre direction et affirmer alors que ce qui suit cause ce qui précède. Les liens de causalité que nous observons aujourd’hui pourraient simplement résulter de notre perspective actuelle. En expérimentant le temps à reculons, nous aurions des conclusions opposées concernant les causes et les effets.

L’ordre des phénomènes selon le schéma de la causalité semble arbitraire : nous disons que le feu cause les cendres, et non l’inverse, mais nous avons toujours des cendres après le feu. Si nous affirmons que x cause y et non l’inverse, c’est uniquement parce que x apparaît avant y. Premier arrivé, premier servi ? Cette explication n’est pas satisfaisante. L’ordre de perception des phénomènes n’est pas nécessairement le seul ordre possible. Il est donc plausible que des phénomènes futurs puissent causer des phénomènes présents.

L’anti-causalité

L’anti-causalité serait à peu près la même chose que la causalité, mais dans le sens contraire : ce qui suit cause ce qui précède. Ceci peut sembler farfelu au lecteur moyen, mais l’idée-même de causalité semblait farfelue aux empiristes. Il serait plutôt étrange de croire en la causalité, mais non pas à l’anti-causalité. Pourquoi croire à l’un plutôt qu’à un autre? Répétons la question de Wittgenstein adapté à ce problème : À quoi ressemblerait le monde si on se disait que c’est le futur qui causait le présent? Il aurait la même apparence, mais l’explication des phénomènes serait for différente. Voyons quelques exemples d’anti-causalité.

Lire l’avenir

Premièrement, la précognition se définit comme la capacité de connaître des événements avant qu’ils ne se produisent. Ceci peut prendre la forme de « visions » du futur ou de prophéties. Les scientifiques considèrent la précognition comme impossible, car il est établi que ce qui suit ne peut pas causer ce qui précède; ainsi, un événement futur ne pourrait pas provoquer des « visions » dans le présent. Cependant, plusieurs témoignages de précognition existent, bien que les scientifiques les attribuent souvent à des phénomènes psychologiques ou au hasard.

Un autre exemple d’anti-causalité est la visualisation mentale. Avant de réaliser un coup au billard, une personne peut se visualiser en train de l’exécuter. Pour les scientifiques, cette visualisation mentale cause l’action visualisée et constitue une technique pour améliorer les performances. En se projetant dans l’avenir et en se voyant effectuer le coup envisagé, les chances d’agir conformément à cette image augmentent. Ce phénomène soulève la question de savoir si la projection dans une action future pourrait être considérée comme une forme de précognition. Est-il possible que, lors de la visualisation de nos actions futures, nous percevions en réalité l’avenir? Existe-t-il une méthode permettant de causer le présent à partir du futur?

Causer le présent par le futur

Oui… c’est exactement ce que sont les intentions. Premièrement, elles se produisent avant l’action, mais elles concernent le futur de l’action (à moins qu’on fasse une action pour l’action elle-même ou en d’autres mots, lorsque c’est une question de principe). Un peu comme la visualisation mentale, les intentions pourraient en fait être une forme de précognition. Lorsqu’on cherche à savoir si un crime était intentionnel nous cherchons à savoir s’il a été prémédité. Mais qu’est-ce que préméditer? Ceci a beau se produire avant l’action, la préméditation concerne le futur. Alors que les intentions sont ce pour quoi on fait l’action, (par exemple, je me brosse les dents pour ne pas avoir de caries) la préméditation concerne le comment (par exemple, je vais me brosser les dents ce soir avant de me coucher).

Or, le « pour quoi ? » et le « comment vais-je ? » d’une action se trouvent dans l’avenir. C’est parce qu’on en recherche les conséquences qu’on commet intentionnellement une action. Les intentions sont-elles donc passées ou futures? Elles se produisent pratiquement avant une action, mais en théorie concernent toujours l’après, les conséquences ou le pendant, le comment qui ne s’est pas encore produit. Si on réussit l’action, les conséquences concordent avec les intentions et se boucle la boucle du passé et du futur. Lorsqu’on agit avec intentions, on produit le présent à partir du futur. Cela dit, l’intentionnalité a une forme similaire à la prophétie : on se dit d’avance ce qui va se produire plus tard.

Voyager dans le temps

À cet égard, la conscience peut être comparée à une machine à voyager dans le temps. La volonté et la mémoire en sont deux facultés temporelles : la mémoire permet de nous transporter dans un passé que nous avons vécu ou non, tandis que la volonté nous projette vers l’avenir, choisissant un futur possible et cherchant à le concrétiser dans le présent.

Lorsqu’un individu se remémore des événements passés, selon sa capacité d’imagination, il peut revivre le passé de manière plus ou moins intense. En fonction de son attention portée à l’événement qu’il tente de se rappeler, la réminiscence peut être une expérience plus ou moins marquée. C’est souvent une reconstitution accélérée des sensations éprouvées lors de l’expérience initiale ou d’une intuition d’un phénomène, mais durant l’instant de la réminiscence, les impressions peuvent être assez vives.

Il en va de même pour la volonté. Plus on planifie une action ou un événement, plus nous élaborons des « prophéties » qui tendent à se réaliser. Même si l’on accomplit soi-même les actions nécessaires à la réalisation d’une prophétie que l’on a formulée, cela reste une prophétie. Une planification accrue entraîne une causalité où le futur prévu influence le présent de l’action. Par exemple, organiser un mariage est une entreprise majeure visant à orchestrer à l’avance les actions de plusieurs personnes afin que tout se déroule comme prévu. Le verbe « prévoir » révèle la dimension précognitive présente dans la préméditation et les intentions. Un mariage se déroulant comme prévu a déjà été en quelque sorte expérimenté avant d’être vécu : les phénomènes lors d’un mariage ne sont pas inconnus des mariés. Si un événement leur paraît étrange, c’est qu’il y a eu un écart par rapport au plan initial.

Le multivers

Les faux souvenirs constituent un phénomène intéressant à étudier. Les scientifiques ont tendance à discréditer ces mémoires et à les considérer comme une sorte de dysfonctionnement de la psyché. Cependant, est-ce vraiment une démarche scientifique ? Tout d’abord, ils qualifient de faux un phénomène réel : la personne ayant des « faux souvenirs » se remémore réellement certains événements qui ne se sont pas produits. Par conséquent, les scientifiques invalidant non seulement un phénomène réel mais aussi l’individu rapportant de tels souvenirs (auxquels il faudrait trouver une autre désignation). Se contenter d’attribuer cela à une défaillance de la faculté de mémoire n’explique pas cette perception ; c’est éluder la question par une explication simpliste et potentiellement fallacieuse.

Nous proposons que la mémoire pourrait également avoir la capacité d’évoquer des passés alternatifs. Une personne capable de revivre plusieurs passés possibles à travers ces souvenirs alternatifs peut, dans une certaine mesure, voyager d’une réalité à une autre. En suivant cette hypothèse, il serait envisageable qu’une personne découvre un jour que tous ses souvenirs sont erronés, ce constat surviendrait lorsque son entourage, avec lequel elle partageait des souvenirs, n’aurait aucune réminiscence de ces événements partagés. Nous avons personnellement fait l’expérience de nous rappeler des événements dont nos amis n’avaient aucun souvenir et vice versa.

Est-ce alors notre mémoire ou celle de nos amis qui est déficiente? C’est l’explication privilégiée par la science, car elle offre une réponse élégante et peu exigeante en efforts (pour le scientifique, il n’y a plus rien à expliquer). Mais pourquoi adopter l’explication la plus invalidante et la moins stimulante ? Nous postulons que lorsque cela se produit, ce n’est pas un simple défaut quelconque ; il s’agit plutôt d’une sorte de désynchronisation ou de voyage à travers le multivers. Concevoir ainsi ces souvenirs alternatifs ouvre la porte à de nouvelles possibilités, impliquant que nous pourrions déjà voyager d’un univers à l’autre sans en avoir conscience, et qu’il suffirait de maîtriser ce phénomène pour se déplacer intentionnellement entre univers.

Conclusions météorologiques

Discuter de la météo implique de produire des prévisions basées sur des données passées, bien que même les données en temps réel soient déjà du passé. La justesse d’une prévision dépend du futur : c’est un système anti-causal où l’input passé produit une prévision dont la validité est déterminée par un input futur. En résumé, prévoir la météo, c’est un peu faire de la prophétie.

Bien que nos prévisions soient basées sur des données historiques, il n’est pas exclu que des événements futurs influencent le présent. Divers indices empiriques sont souvent cités en météorologie : par exemple, lorsque le vent expose le revers des feuilles des arbres, cela pourrait indiquer une pluie imminente. De même, certaines personnes rapportent ressentir des douleurs articulaires avant une averse. Que ce soit l’exposition du dessous des feuilles ou des douleurs au genou, pourquoi ne pourrait-on pas considérer que ces signes présents sont causés par la pluie future ?

Il est bien entendu possible de formuler des théories alternatives pour expliquer ces phénomènes sans faire appel à l’anti-causalité. En réalité, la causalité est une théorie non réfutable : aucune expérience ou phénomène ne peut contredire l’idée que le passé cause le futur. Nous pouvons toujours interpréter les événements de manière à ce que ce qui se produit avant soit la cause de ce qui suit. Tant qu’à fonder la science sur des bases non réfutables, autant en exploiter pleinement les potentialités !

Il est temps de mener des recherches fondamentales contraires à nos intuitions. Si la nature recèle encore des mystères et des questions sans réponse, nous devons revisiter nos certitudes. Les termes comme psychose, schizophrénie, ou défauts de mémoire nous laissent insatisfaits des explications scientifiques actuelles. Ce sera le sujet du prochain article.


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