Comment les prophéties falsifient-elles les religions?


La prophétie, généralement considérée comme une révélation divine ou encore un aperçu des événements à venir, acquiert à notre esprit, lorsqu’examiné de près, une fonction qui soit interne à la religion. Le dernier article sur les religions comme machine épistémologique n’allait pas assez loin et se contentait de décrire les bases mécaniques d’une religion : en quoi elles sont l’extension de notre nature animale. Nous sommes en quelques sortes pris dans des boucles, des loops mentaux. Chacune de nos pensées et de nos actions sont associées à un circuit neuronal qui est toujours renforcé lorsque employé : nous appelons ces circuits neuronaux des « théories » et les actions qui en découlent des « rituels ».  La prophétie est dans cette optique, une stratégie de falsification des théories religieuses, où un nouveau système de croyances peut émerger. Dans cet article, nous explorerons cette hypothèse en examinant les attentes messianiques juives, chrétiennes et musulmanes et en analysant comment ces prophéties pourraient être vues comme des mécanismes de falsification, puis conclurons sur la conversion comme mécanisme individuel de découverte des vérités que contient une religion.

La falsifiabilité : certification scientifique

Dire qu’une théorie, qu’on réfère au circuit neuronal ou à un ensemble interrelié d’énoncés, soit falsifiable signifie qu’il ouvre la possibilité d’être contredit par l’expérience ou l’observation empirique. Ainsi, les sciences ont voulu se distinguer des religions avec ce précepte. Si une théorie est infalsifiable, alors elle n’est pas scientifique. Par exemple, si je dis « toutes les oies sont blanches », alors j’émet une théorie scientifique car elle est falsifiable : il suffit de voir une oie noire pour falsifier cette théorie (et c’est effectivement quelque chose qui s’est produit).[1]

Là où les sciences ont tort de se distinguer des autres machines épistémologiques que nous appelons religions, est qu’elles se centrent sur les conceptions de Dieu que tiennent les religions, mais gardent dans l’angle mort à la fois les valeurs, le réseau de symboles et les prophéties en tant que tel : comme si la religion n’était qu’à propos de Dieu. C’est qu’ils confondent religion et théologie. En effet, une théologie ne peut pas être falsifiée, mais elle peut être contredite. Nous verrons que c’est le cas entre le christianisme et l’Islam. Il s’agit des cas où une nouvelle religion émerge sans avoir réalisé les prophéties de la précédente, tout en se présentant comme en étant la suite.

Les attentes messianiques juives

Les Juifs croient en un Messie, un roi oint de Dieu qui viendra rétablir le royaume d’Israël et dont le règne sera un âge d’or pour ce peuple. Selon les prophéties, le Messie sera un descendant de David et sa venue marquera le début d’une ère nouvelle, où la paix et la prospérité règneront sur la Terre. “Le Messie, en tant que roi et prêtre, représente la réalisation ultime de la promesse de Dieu à Abraham et à son peuple, et la réalisation de la vision de la paix et de la justice universelle.”[2] Cette attente représente la falsifiabilité de la théorie « religion juive », où le Messie établit une nouvelle religion qui remplace la précédente : la falsifiabilité de la religion, c’est ce qu’on appelle espoir. (Oui, le monde, ça craint à ce point)

Cependant, il faut bien voir ici que dans le livre de Josué, la prophétie a déjà été réalisée : la Terre Promise a déjà été donnée, puis perdue à l’exil, et retrouvée grâce à Cyrus, qui était alors vu comme une figure messianique. La théorie est falsifiable en ce que les racines du peuple juif sont dans cette promesse de Terre : tant qu’ils n’auront pas la Terre Promise, ils ressortiront cette prophétie des textes : la prophétie a été accomplie, mais les Messies qui sont venus n’ont pas falsifié la religion juive, en tout cas, un seul a réussi, et à moitié seulement. Il s’appelle : Jésus.

Ainsi, on peut voir que la théorie est falsifiable : c’est seulement qu’il faille bien souvent regarder vers le passé pour voir comment ça a été falsifié. Le Tanakh, est un texte auto-suffisant : les prophéties qui y sont faites sont tenues pour l’essentiel, et le reste aurait pu se produire sans que ce soit remarqué : alors je considère pour moi-même le Livre du Tanakh fermé et résolu. Même la malédiction de Dieu qui a prophétisé dit que les Israélites mangeraient leurs enfants si le pacte n’était pas respecté de leur part s’est produit (2 Rois 6.29), ainsi nous pouvons déjà considérer le pacte brisé. C’est que la religion juive, et nous verrons aussi, la chrétienne, sont tous deux prises dans une temporalité cyclique où ce sont les circuits neuronaux qui les maintiennent dans l’attente. Ils s’attendent en quelques sortes, à un éternel retour comme le dirait Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra), lui-même prophète : tout ce qui se produit est voué à se produire de nouveau et nous sommes condamnés à vivre les mêmes vies encore et encore. Nietzsche a fait la seule prophétie que je veux invalider. On ne peut pas les blâmer de vouloir se maintenir dans l’espoir. J’espère pouvoir y faire quelque chose. En attendant, voyons voir comment Jésus a sorti Israël de sa religion pour créer le Judaïsme et le Christianisme.

How to “pull a Jesus” 101

Les étapes à suivre sont :

  1. On comble les prérequis des prophéties…
  2. … en en fracassant toutes les attentes…
  3. …de manière à déclencher une transvaluation de toutes les valeurs et du monde.

Je ne me lancerai pas dans les détails, mais grosso modo, Jésus a (ré)accompli les prophéties de l’Ancien Testament de manière totalement inattendue et la réponse a engendré le divorce des croyances chrétiennes et juives. Alors que les Israélites attendaient une résolution épique et grandiose des promesses du Sacré Texte, car ils avaient déjà lu celle de Josué (la similitude des prénoms n’a pas été laissée au hasard), Jésus les a remis de manière humble et symbolique. Jésus est le prophète du symbolisme.

Les Israélites avaient désormais deux choix : accepter le Jésus-Messie ou le refuser en un Jésus-mais-non. Accepter implique de reconnaître qu’on était erronés à propos de Dieu, du monde et de sa religion et il faut alors tout repenser, « leaving no stone unturned » (comme le disait Hannah Arendt pour l’idéologie). Les débats font rage, mais heurtent un mur : c’est une question de foi après tout. Bons nombres ont même pensé que Jésus était un troll et que tout cela était une mise en scène pour se moquer de leur religion : c’est dire à quel point les attentes ont été fracassées. Alors autant qu’ils étaient choqués par les attentes brisées, autant ils doutaient de la bonne foi de l’autre position.

Et cette autre position, si on la compare au « judaïsme antique » (qui est en vérité la religion d’Israël), nous remarquons des nouveautés extraordinaires sur lesquels Jésus n’a pourtant pas lui-même théorisé (il n’y fait qu’allusion sans plus à quelque chose qui pourrait être un enfer « là où il y a des grincements de dents »… c’est pas Dante ça). Les nouveautés du christianisme sont : le paradis, l’enfer et le purgatoire, et l’âme aussi, et soudain, c’est tout le monde qui a été chamboulé. Les premiers chrétiens découvraient un monde nouveau et un arrière-monde/un ciel nouveau. Comme il l’a prophétisé : « Ce monde et le ciel passera, mais ma parole ne passera pas. » Ainsi, le monde dans lequel nous vivons est celui d’un génie religieux : la laïcité de l’État est son invention[3], l’individu et l’égalitarisme aussi[4]… c’est à croire que ça fait plus de deux mille ans que tous nos débats politiques sont autour des détails concernant les principes qu’il a instaurés. Même la philosophie culminant avec Hegel, cherchait à comprendre comment il pouvait se contredire autant tout en ayant du sens.[5]

Donc nous pouvons comprendre nos sociétés de bord en bord comme étant chrétienne jusqu’à l’os. OnlyFans? « Ceci est mon corps, qui est pour vous, mes followers »… ainsi avoir des followers, être suivi par autrui, comme Jésus a été suivi, est un phénomène particulièrement chrétien. Tout comme la crise de l’adolescence : Jésus a dit qu’il venait avec l’épée pour séparer les parents des enfants, et encore aujourd’hui, les parents chrétiens sont tellement chiants que les enfants font une crise à l’adolescence. Nous sommes, on dirait,bien dans le Royaume des Cieux : c’est bien le monde que Jésus a fait. Et pourtant, on regarde encore vers le ciel en attendant son retour…

Les attentes messianiques chrétiennes

Les chrétiens attendent le retour de Jésus pour qu’il établisse le Royaume des Cieux, un royaume spirituel qui remplacera les gouvernements terrestres actuels. Selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ est bien le Messie promis aux Juifs et le fils de Dieu, alors pourquoi ne considèrent-ils pas ce qu’on a comme le Royaume promis? Sa venue en Messie a détruit le monde précédent, celui d’Israël, et le Royaume des Cieux remplace les croyances et les traditions d’Israël: nous avons alors le Judaïsme, qui ne croit pas être au Royaume des Cieux, et le Christianisme, qui y a cru par le passé, mais plus maintenant. Nous pouvons lire dans une Évangile catholique, une rubrique sur cette croyance : “Le Christ, en tant que roi du Royaume des Cieux, est le centre de notre foi et l’espoir de notre salut.” C’est dire à quel point ce n’est pas top cette simulation… Quand ça fait 2000 ans que le gars n’est pas revenu, c’est safe de move on.

Encore une fois, la promesse a déjà été tenue : Jésus a falsifié la religion d’Israël, et il a réuni une Église qui n’était plus liée que par les liens familiaux. Ce que les chrétiens attendent, c’est une prise deux de Jésus-Christ. Ils ont tout ce qu’il faut déjà en main pour établir le Royaume des Cieux : la fortune de trillions, les valeurs libérales, le plus grand nombre et l’individualisme : il suffirait seulement de se décider à le faire. Mais les chrétiens, au lieu de faire le Royaume tel qu’ils en rêvent eux-mêmes, attendent que Jésus revienne, même si, dans les Évangiles, il est déjà revenu : puis il est reparti, et ce sont deux hommes habillés en blanc, qui ne sont pas nommés, qui ont dit qu’il reviendrait. Eh bien, je crois qu’il est revenu! C’était Karl Marx[6] : avec la formule pour faire ce fameux Royaume où tous les travailleurs sont payés le même salaire qu’ils travaillent une heure ou douze heures dans la journée (retournez lire les paraboles, Jésus décrit bel et bien un Royaume au salariat communiste assez généreux) et où tous sont nourris, comme par magie.

À tout compte fait, le Second Avènement n’est même pas une promesse de Jésus, mais de deux inconnus habillés en blanc, qui disent pourtant : « pourquoi rester là à regarder vers le ciel? Ce Jésus qui vous a été enlevé au ciel reviendra de la même manière que vous l’avez vu se rendre au ciel. » (Actes des apôtres 1.10-11) De la même manière qu’ils l’ont vu… c’est-à-dire, en petit comité de club sélect d’apôtres, et non pas une espèce de show de la fin du monde auquel on s’imagine. Moi je le répète « pourquoi rester là à regarder vers le ciel? » Faites-le donc le Royaume des Cieux ! Si vous voulez absolument un Jésus, I can be Jesus too[7] : le formulaire de contact est ici. Je joue Juge-joie. On crucifiera symboliquement le pape sur la croix disco de Madonna pour inaugurer, après mon christianisme-punk, la religion du « disco-pop(e) ».

Les attentes messianiques musulmanes

Pour les musulmans, le Messie est aussi déjà venu, ils le reconnaissent en Jésus, mais ils procèdent, au lieu de la falsification, par la contra-diction : une méthode tout à fait théorique. C’est le système de croyances chrétien qui est lui-même contre-dit[8] par une conception simple et efficace de Dieu. Les chrétiens disent que le Père est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu et Jésus est Dieu, mais le Père n’est pas le Fils, l’Esprit-Saint n’est pas le Père, etc. L’Islam fait de cette Trinité un simple symbole, une sorte d’idole qui cache le vrai Dieu : ainsi le christianisme rate ce test du monothéisme, et ainsi les musulmans dirigent leur religion vers un Dieu qui est sous-jacent à la Sainte-Trinité : c’est le vrai Dieu. Comme les chrétiens ont surenchérit sur YHVH/Jéhovah, l’Islam parie sur un Dieu plus fondamental qui révèle le Dieu chrétien comme étant un symbole. Cette religion est pourtant tout autant falsifiable.

Donc, les musulmans attendent la venue du Mahdi, un imam (guide) qui apparaîtra pour rafraîchir l’Islam et instaurer la justice et la paix sur Terre. Selon la tradition musulmane, le Mahdi est un descendant du Prophète Mohammad et sa venue marquera la fin des temps et l’émergence d’une nouvelle ère spirituelle. Cette attente peut également être vue comme une prophétie de falsification, où le Mahdi établit une nouvelle religion, soit :  le vrai Islam qui remplace les interprétations et les pratiques précédentes. Mahdi signifie « converti ». Ainsi, il s’agit de l’imam, le guide spirituel qui s’est converti à un Islam que personne ne pratique (car c’est le vrai Islam qui n’a été découvert que le Mahdi, qui vient l’instaurer pour la paix du monde.)

Eh bien, ce Mahdi a connu le même sort que Jésus-Christ. Il s’appelle le Bab, « la porte », et a ouvert la porte au successeur de l’Islam : la religion Baha’i, qui serait dans ce contexte « islam »-ique, le « vrai » Islam. Effectivement, la majorité des musulmans doute du Bab, de Baha’u’llah et de son Baha’i – qui anonçait pourtant une nouvelle ère spirituelle, telle que promise par la prophétie, au beau milieu du 19e siècle qui a factuellement été un tournant dans nos façons d’être (Factuellement, aussi, les Ba haïs (Bab, Baha’u’llah, Baha’I) sont plus un running gag dans l’Islam mais moi, j’y crois, tout comme je crois en Shabbetaï Tzvi, et en tous ceux qui se disent Prophètes ou Messie : car si tu falsifie, je suis.), mais comme pour le christianisme, on s’attend à quelque chose de grandiose. Mais en vérité, la falsification des religions est un processus qui ne le nécessite pas: il y a quelques conditions minimales à remplir, mais comme les attentes peuvent être démolies à des niveaux si fondamentaux, que toute la vision du monde est soumise à une déstructuration et une reconstruction, alors si je peux être Jesus-Too, je peux aussi absolument faire le Mahdi aussi, ça fait : m’a-dit tout, j’ai su tout, tout, tout![9]

Après tout, si ta prophétie c’est que le Mahdi va revenir pour instaurer le vrai Islam, c’est qu’en quelque part tu penses que ton Islam actuel n’est pas le vrai. Ça ne doit pas être si difficile que ça rameuter à la Cause si ton système de croyance t’informe que tu n’as pas la bonne religion: si nous croyons en l’Islam, alors nous croyons en la prophétie du vrai Islam du futur et donc, en même temps, de l’inauthentique Islam du présent.[10] Et moi, je suis musulman, j’y crois. Et je suis aussi chrétien, car « J † ». En plus marxien, gît-croît. Et je procrastine seulement d’aller à la synagogue pour officialiser ma judaïté… car bien que j’ai dit que Josué l’a déjà réalisé la prophétie de Messie d’Israël, ça ne veut pas dire que je ne coup roua pas : je cour roi en eux et j’écroua en moi! Je vous corroie tous! If this is madness, well I’m Mahdi.[11] Je prend très au sérieux les systèmes de croyance, je les aborde comme un chirurgien aborde le corps d’un patient. Ça ne l’empêche pas d’opérer plusieurs patients en une journée, ni de faire des blagues avec des collègues. Si je fais des blagues avec des jeux de mots, c’est que tous les textes religieux sont bourrés de jeux de mots (si on les lit dans la langue originale, bien entendu), et ces articles, bien qu’ils ne sont pas destinés à être des textes sacrés, s’inspirent de tous ceux que j’ai lu jusqu’à présent.

Les implications de la falsification des religions

Mais comment quelqu’un peut-il, comme moi, être aussi cynique dans son approche et son étude de la chose et pourtant y croire de tout son cœur? C’est simplement car la transvaluation des valeurs et du monde qui est recherchée est une authentique quête de ma part. Nous pouvons voir les « sociétés » comme une caisse de résonnance où les vibrations culminent en un point névralgique où se trouve un individu qui, pour survivre à autant de bruit et d’ondes discordantes, procède de lui-même en premier à cette transvaluation. Du moment qu’elle a eu lieu, il ne peut plus retourner en arrière. Il est rentré dans un nouveau monde, et il ne lui reste plus qu’une seule option, une seule chose qu’il puisse faire : faire passer l’ancien monde.

« Ce monde et ce ciel passera, mais ma parole ne passera pas. » : Jésus a pu faire cette prophétie car il savait très bien ce qu’il faisait, et que, soit la prophétie sera perdue après quelques temps et personne ne s’en souviendra, soit elle sera réalisée. Ainsi, un prophète ne perd rien à faire ce genre de prophétie. La falsification des religions par le génie religieux est un phénomène qu’on peut observer historiquement : étudiez plus en profondeur le cas de Jésus, car le Judaïsme est bien documenté, à l’instar de l’Islam duquel on a peu d’information sur les religions polythéistes le précédant. De plus, Jésus a réalisé les prophéties du Judaïsme, ce qui n’est pas le cas du prophète Mohammad, qui est plutôt arrivé comme un ouragan.

 Les prophéties qui mènent à la création d’une nouvelle foi, et qui remplace, avec fracas, les systèmes de croyance existants sont produites dans le but de stabiliser le système de croyance : un prophète ne veut pas sont travail abrogé par son prochain arrivé tôt. Or, ces religions millénaires sont dues pour le compost. La falsification d’une religion fait généralement assez de bruit, si bien que du vivant des apôtres de Jésus, ils ont répandu la religion jusqu’à Rome. Du côté islamique, le phénomène Mohammad a su faire des milliers de convertis de son propre vivant et par lui-même. Jésus ne convertissait pas : il soignait des malades. C’est sa résurrection qui a permis aux apôtres de faire de son passage une nouvelle religion avec matière à conversion. Les attentes messianiques juives, chrétiennes et musulmanes illustrent clairement la dynamique de falsification où les prophéties sont utilisées pour établir de nouvelles religions qui remplacent les anciennes : même l’Islam a connu des micro-Jésus en les personnes du Bab et de Baha’u’llah.

Conclusion

Alors qu’en est-il du certificat scientifique qu’acquiert la religion par la falsification? Eh bien, celui qui valide le nouveau prophète passe d’un monde à l’autre. Il acquiert ainsi une connaissance sur l’être humain qui n’est pas accessible autrement s’il comprend bien ce que le passage d’une religion à l’autre signifie. C’est le comportement humain, qui semble d’emblée chaotique et n’obéir à aucune loi, qui semble tout d’un coup avoir du sens, comme si les pièces d’un puzzle tombent en place.

J’ai tellement appris sur l’être humain en étudiant le passage d’Israël au Judaïsme et au Christianisme. Et pareillement en ajoutant dans mon gabarit la religion de l’Islam et en quoi elle diffère du Christianisme. Et encore une fois avec le Baha’i. La conversion n’est jamais une négation du passé. Comme lorsqu’on convertit un fichier sur un ordinateur, il nous reste le fichier original : et c’est très enrichissant.  Ainsi, même si j’ai l’air cynique, j’ai acquis tellement de connaissances sur l’humain avec les religions (je dois souligner mon background d’études en science humaine quand même), que je ne puis qu’y croire comme quelque chose de réel. Cynique ne veut pas dire qu’on ne croit pas : ça veut dire qu’on est joueur et pas qu’un spectateur.

J’ai étudié en philosophie où le terme pour la tradition islamique est falsafa. Je crois que les langages sont tous interreliés et que la falsification d’une religion a pour passage obligé une philosophie. Il est peut-être temps de falsifier les religions au point où ça devient la philosophication des religions. Une fois qu’une religion est proprement philosophée on peut la falsifier en nouvelle religion.


[1] C’est dans un livre de Karl Popper que vous pourrez en lire plus sur la falsifiabilité. Je ne suis pas en contexte académique, alors je ne me torturerai pas à vous chercher la référence.

[2] Institut juif de la culture, “Le Messie et la rédemption du monde” (Toutes les références ont été repêchées par une intelligence artificielle, d’où leur qualité laissant à désirer, mais je suis sûr qu’elle puisse s’améliorer)

[3] Il n’y a pas de religions qui donne autant à César, tout en donnant à Dieu d’autre part; les religions vont main dans la main avec le politique, si bien que nous pouvons dire que la politique est une invention du christianisme. Sans l’influence chrétienne, ce sont encore les dieux qui s’affrontent à travers les peuples. Ainsi, Moïse donnait la loi! Pareillement pour le prophète Mohammad. Jésus, lui, a donné des principes généraux, des paraboles, etc. Il rendu la législation à César, une élite païenne qui ne discrimine pas entre les dieux, et qui a pris des Athéniens leur modèle et leur langue académique. Nous pouvons voir encore dans plusieurs pays des tribunaux religieux : comme au Liban où chacun est jugé selon la loi de sa Foi. Si le tribunal est laïc/libéral, c’est que c’est un tribunal chrétien. (Dire la « catho-laïcité » c’est comme dire « monter en haut ».)

[4] En rompant les liens familiaux et en unissant les croyant dans le corps du Christ dont chacun est un membre (oui, le terme membre vient du corps christique), il y a l’apparition de l’individu à vaste échelle : une personne n’est plus le représentant de sa famille, il est un confrère ou une consoeur de l’Église où tous sont égaux… devant le prêtre… hélas!

[5] J’ai répondu à cette question dans un précédent article : c’est que la loi de la non-contradiction n’est pas une vraie loi du cosmos : c’est une arme qu’on utilise pour s’invalider les uns les autres. C’est simplement que pour Jésus on a voulu valider tout ce qu’il a dit. Lorsqu’il dit « qui croit en moi vivra quand bien même il meure » c’est là qu’on a inventé l’âme et la vie après la mort. On a voulu le valider jusqu’au bout et on a ainsi créé un nouveau monde. Il suffit de se mettre derrière un individu et de chercher absolument à résoudre les contradictions dans ce qu’il dit pour recréer le monde. C’est ce qui est arrivé avec Mohammad aussi : nous pouvons expliquer toute les contradictions dans le Coran, car il y a une longue tradition de recherche islamique qui a traité ces contradictions de la même manière que pour Jésus. Lorsqu’il est question de vérité révélée par la divinité, on structure tout notre mode de pensée autour de la révélation. C’est dire que nous pouvons très bien vivre avec certaines contradictions. (Bien entendu, il y a une limite, et ce sont à peu près les anti-logies.)

[6] Et avec Karl-Marx-Christ, on eut aussi le Saint-Paul-Lénine, qui fit la même translation pharisienne de principes bons à institution douteuse. C’est le mode de prophétie chrétienne qui est analogue au processus de se nourir : il y a toujours un précurseur affamé annonçant en apéritif, une nouveauté prochaine de nature plus élevée (un Saint-Jean-Baptiste, un Élie), le plat principal qui satisfasse la faim (un Jésus), et un successeur, le plus souvent une figure Pharisienne, qui vient en digestif nous dire comment absorber ce qu’on vient de lire (un Saint-Paul, un Saint épistolique). Il y a quelque chose d’ironique à ce que Jésus ait choisi un Pharisien comme successeur, c’est comme s’il tendait l’autre joue. “Très bien, vous m’avez mis à mort et j’ai été ressucité. Maintenant, faîtes-en de même avec mes enseignements, ils ressuciteront tout autant lorsque le prochain Jésus sera arrivé.” Et me voici, me voilà! Ne vous embourbez pas, Jésus savait très bien ce qu’il faisait et savait qu’un autre comme lui allait émerger du nouveau monde qu’il a créé : être un Jésus est plutôt un rôle qu’une personne est appelée à jouer dans une dynamique de groupe pour lui permettre d’aller de l’avant en en anticipant les défis que l’avenir lui réserve et en lui donnant de la nouvelle circuiterie neuronale. La Pentecôte est le phénomène qui s’est produit alors que les circuits neuronaux était en rebranchement pour accueillir le nouveau cadre théor-éthique.

[7] Je ne me suis pas donné le peudonyme Messy Erzast pour e’ rien. De surcroît, mon vrai nom en hébreu est Ysra’el Shaddaïk, ce qui se traduit en Israël (Dieu prévaut) Mon-Vôtre-Dieu-Tout-Puissant.

[8] Littéralement : on dit-contre.

[9] 🧸

[10] Les religions sont un carré de sable pour les contradictions : qui peut vivre avec, a pour limite le ciel seulement. Et même là, comme Jésus, le ciel peut y passer.

[11] Parallèle à l’aïeul, El a dit: « Mahdi n’attend pas la Medina, mais dîne à midi, mets pas là le Ba’al, nul vœu des bas Heil, ça fout les boules à El. Pas haut la mains levée, c’est pas tel l’Umayyad, paix t’élue, mais aide. Des livres et puis délie-vrai: le lu πϋρφαιτ le Pürphêtes Messy@iCRL, par amour impie. Dames excusent l’osmose-gai de la Mosquée à deux-Adams-masse-culs, ceux de Damascus : où prie au divan de Jésus-Too, El-Yah et le Mahdi : qu’ils apparaissent et puis diss Paris. » Mon pur El a dit : c’est réellement pour pas cheikh, mais pour el Shaddaïk le puromanceur (magicien pur, pure romanceur, pure-roman-sir, b rahman sar)


    Laisser un commentaire

    Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *