Religion ordinaire et religion originale


Les chrétiens jouissent d’une réputation de mécréants aux croyances loufoques et au style de vie décadent pour les musulmans… et ce n’est pas de leur faute. Voyez donc comment la prolifération des identités et du péché dans le christianisme est en pleine harmonie avec le message des Évangiles et la catéchèse qui en a perverti l’essence.
Si des exemples de la vierge Marie sont difficiles à trouver dans nos sociétés, c’est bien parce que la virginité de Marie nous dispense d’avoir à l’être nous-mêmes. Il est attendu de nulle femme d’être à la hauteur de ladite mère de Dieu. Les vœux de chasteté qu’une femme puisse faire sont tout au plus des souhaits, mais nul ne s’attend à ce qu’ils soient respectés sinon les pères toxico-possessifs.
La religion chrétienne invite au péché ne serait-ce que pour que Jésus ne soit pas mort pour rien. Chaque péché de chrétien augmente la valeur de la mort de Jésus : c’est une plus-value spirituelle que de pécher. Le christianisme et le mode de vie dit occidental vont main dans la main et se suit la parole de Dieu lorsqu’on s’est ajusté à la société… OnlyFans est très chrétien! « Ceci est mon corps, qui est pour vous [mes followers] »

Alors pourquoi le christianisme fait-il encore l’objet de critiques, voir d’hostilité, de la part de ceux-là même qui pourtant en en suivent la structure? La plupart du temps, c’est qu’ils se fourvoient entre deux christianismes…

L’Islam, pour sa part, a pour réputation d’être une religion dangereuse et liberticide voire totalitaire dans les pays chrétiens…. et c’est de leur faute. Voyez donc comment les passages du Coran sont interprétés pour justifier les pires atrocités envers leur propre groupe.
Si Jésus invite au péché, l’Islam en revanche est une religion de styles de vie alternatifs, de punk et d’individualisme : pour en arriver à être talibans, il faut se faire à soi-même violence et cracher sur son Coran chaque fois qu’on priorise la tradition sur le texte étant ladite littérale parole directe de Dieu.
Il y a cette croyance que les premiers musulmans avaient atteint la perfection islamique et qu’il faille aspirer à retourner aux mœurs de la première génération de musulmans. Du coup, si l’objectif devient d’imiter les premiers musulmans, on rate la cible qui est en vérité, je vous le dis, de suivre la parole de Dieu. Rien ne dit qu’il n’existe qu’une façon d’être parfait musulman et les

Alors pourquoi l’Islam soulève-t-il autant de crainte comme si l’islamisation est une chose à craindre pour une démocratie? C’est qu’il y a plus qu’un Islam…

Voyez-vous… il y a eu une perversion de ces deux religions.

Les sens de la religion

Le christianisme traditionnel, que j’appellerai ordinaire, s’est complètement détourné du sens original de cette religion. La plupart, sinon toutes, les religions ont leurs deux versants : l’ordinaire et l’original. Le sens original est le sens à la fois d’origine et qui relève de l’originalité, car le sens d’origine est perdu (Jésus n’est plus là pour nous dire ce qu’il voulait dire par ci ou par ça) alors pour retrouver l’original, il faut faire preuve de créativité et le recréer.

Le sens ordinaire est celui qui a été ordonné par les ordres religieux, qui sont tous à ma connaissance, des Pharisiens. Les Pharisiens sont des autorités qui vont dire quoi penser, ce qui est permis, ce qui est interdit. Leur optique est l’asservissement à des lois (qui sont pourtant censées nous servir) et leur action a pour effet une diminution des libertés. Les Pharisiens vont défendre le sens ordinaire d’une religion contre les tentatives d’autrui de trouver un sens original. 

Il y a donc au moins deux façons de lire chaque religion. On peut se mettre à l’abri dans les propos de rabbins, de prêtres, d’islamologues… bref, de spécialistes qui à force d’invalidation constante dans les débats théologiques, où tantôt c’est l’un qui a tort, tantôt c’est l’autre, tantôt c’est moi, tantôt c’est toi… on en finit par croire que ce qui fait l’unité dans notre religion, c’est l’invalidation.

Le christianisme ordinaire : torture ton prochain comme tu te tortures toi-même

Le cas du christianisme est particulier : les Pharisiens sont les ennemis de Jésus, ou en tout cas, les antagonistes du récit. Le prêtre qui lit cela doit comprendre en quelque part, même si ce n’est qu’inconscient, que le texte l’invalide : il est l’antagoniste de celui dont il propage la parole. Après tout, Jésus était contre les autorités religieuses liberticides ou s’appropriant pour eux-mêmes le sens des textes.

C’est alors que les prêtres ont commis le crime du siècle des siècle en inventant l’antisémitisme pour se justifier, à eux-mêmes et aux croyants, de faire la même chose que les Pharisiens. Le Pharisien est devenu un juif : ce n’était plus à leurs yeux les liberticides ou le monopole de l’interprétation des Textes Sacrés que Jésus confrontait.

Donc dans le christianisme on a d’une part Jésus qui nous dit d’aimer son prochain comme on s’aime soi-même, et de l’autre, des prêtres, qui sont des représentants de Dieu sur Terre, qui nous disent que Jésus est Dieu en nous invalidant, ou du moins, nous apprennant à le faire. Ils nous montrent le modèle de Jésus et nous disent qu’il est Dieu, qu’il a beaucoup souffert pour nous (alors qu’on ne lui a rien demandé) parce qu’on est né pécheurs du fait qu’Adam a péché…

Le christianisme […] écrasait et brisait l’homme complètement et l’enfouissait dans un bourbier profond : dans le sentiment d’une entière objection, il faisait alors tout à coup briller l’éclat d’une miséricorde divine, si bien que l’homme surprit, étourdit de la grâce, poussait un cri de ravissement et, pour un instant, croyait porter en soi le ciel tout entier.

Nietzsche Humain, trop humain. §114

C’est comme se faire sauver par celui qui nous a noyé, mais au lieu de constituer un crime, on appelle cela un baptême : voici l’amour pour le prochain dans le sens ordinaire du christianisme. Veut, veut pas, on finit trop souvent par faire le même coup : que ce soit un parent qui ne savait pas aimer qui réconforte des blessures qu’elle a causé à son enfant, que ce soit nos dirigeants qui ont poussé pour qu’on coupe dans les services pour ensuite réinvestir se donnant le rôle de politicien responsable un premier temps, puis au second celui de politicien généreux… On se fait toujours le coup d’embourber les autres seulement pour se donner la gloire d’être celui qui va laver leurs pieds…

Jésus n’a jamais agi ainsi.

Il n’a pas dit qu’il venait pour absoudre le péché originel. Il donnait gratuitement sans rien demander autre qu’on n’aille pas le crier sur tout les toits… Le Jésus qu’ils nous ont présenté comme Dieu incarné a fait qu’on a jugé son humanité hors de notre portée. Pourtant Jésus nous disait des belles paroles d’amour tel que « Vous, vous êtes le sel de la Terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes. » (Matthieu 5 :13) Et ce qui arrive lorsqu’on cesse de s’aimer ? On se laisse piétiner… Mais quand même, le sel de la Terre signifie que nous sommes ce qui donne du goût à ce monde. Quel prêtre m’a-t-il fait autant de poésie ?

« S’il pouvait agir ainsi, c’est parce qu’il est Dieu incarné », nous ont laissé croire les prêtres… Bref, la religion chrétienne a alors perdu son goût et s’est retrouvé jetée dehors à se faire piétiner, mais pas avant que ses prêtres et ses papes nous aient mal appris à s’aimer les uns les autres, et surtout soi-même. Aucun prêtre ne m’a mis sur piédestal comme Jésus l’a fait en me disant que je suis le sel de la Terre.

Il s’ensuit aussi que de la passion du Christ s’est autoglorifiée comme un spectacle d’atrocités qu’on ne vénère que parce qu’on se fait vivre des passions les uns envers les autres. On croit que c’est le mode normal de l’existence sur terre. Mais d’où est la logique ?

Si Jésus est Dieu et que je n’ai pas le droit d’agir comme lui, pourquoi est-ce que je dois souffrir moi aussi ?

Le vrai ennemi de Jésus, ce sont ceux qui l’ont fait souffrir : Rome tout autant que les Pharisiens qui le poussent vers la souffrance, que les Judas qui le livre aux autorités et le peuple qui réclame du sang d’innocent. Partout où je regarde je vois que les ennemis de Jésus sont au pouvoir et que le monde leur appartient.

L’Islam ordinaire : « Be soumis à Allah »

Il se trouve aussi dans l’islam ce phénomène. Il y en a qui vont jusqu’à dire qu’Islam signifie « soumission » en cherchant pourtant à la répandre. La racine consonantique S-L-M est sans équivoque le mot « paix », salam, el-salam, Islam. C’est la paix de Dieu et non pas la soumission à Dieu. Ce sont les guides spirituels de la religion qui ont opéré ce changement de « paix » à « soumission » pour se donner une certaine autorité.

Lorsque tu as le prestige de pouvoir interpréter les Textes Sacrés et d’être cru, il devient tentant de vouloir accaparer la puissance de la Parole de Dieu. Mais ainsi, la soumission n’est pas à Dieu, mais à celui qui te dis ce que Dieu veut dire alors qu’il n’en a qu’une idée, mais que dans tous les cas l’interprétation reflètera ses valeurs. On a beau se coller le plus possible au texte, nos valeurs vont quand même s’interposer entre notre lecture et le texte. 

Pourtant, le Coran dit de faire attention aux interprétations et donne un bon indice sur la méthode à employer pour l’interpréter. Il faut le lire comme au moment qu’on se rappelle le plus d’Allah :

C’est Lui qui fait descendre sur toi le Livre. Il s’y trouve des versets sans équivoque qui sont la base du livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à d’interprétations diverses. Les gens donc, qui ont au cœur une inclinaison vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque cherchant la discorde en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation à part Allah.
Et ces experts de la science Nous disent : « Nous croyons ainsi : c’est de la part de notre Seigneur ! » (autre lecture possible : « Nous avons battu les Prophètes! » ) Mais ils ne se rappellent plus leur Allah depuis qu’ils sont bébés.

Sourate 3.7

Autrement dit, il faut lire le Coran comme si on était redevenus des bébés. Et lorsqu’il dit de tuer alors que c’est censé être une religion de paix ça crée une dissonance cognitive. Cela dit, il faut voir comment un bébé tue : il pointe du doigt et fait *pow!*. C’est une interprétation possible, mais comme il ne faut pas chercher la discorde par nos interprétations, ce me semble être la meilleure.

En Algérie, suivant la guerre, les « soumissionnaires » ont cru que Dieu voulait qu’ils trafiquent les élections pour que le Front Islamique rentre au pouvoir avec son agenda d’homogénéisation des pratiques religieuses en employant jusqu’à des meurtriers alors que l’Islam original dit pourtant de faire tout le contraire. Le Coran demande d’encourager le peuple à suivre ses habitudes, de soi-même faire autrement que les autres et si on se rend jusqu’à tuer, c’est ceux qui empêchent de faire autrement qui sont bons à périr.

Le christianisme original: Aime-toi, toi-même

Les débats ont fait rage pendant des siècles sur le statut à la fois humain et divin de Jésus. Ainsi, on a passé énormément de temps à placer la limite ou à décrire la nature de ce qu’ils appellent « le Christ ». Moi-même, je suis né de la dénomination maronite, et j’avoue reprendre l’attitude de ce qui a séparé cette dénomination du reste de l’Église : il est humain et divin, et on se fiche pas mal comment et de quelles manières. Je crois que c’est une bonne attitude, car en étant ainsi aussi humain à 100% il revêt plus l’aspect d’un exemple à suivre : la façon la plus divine d’être humain est d’imiter Jésus. Il faut se reconnaître en lui plus que de reconnaître Dieu en lui.

De quelles manières Jésus est-il alors divin? C’est qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à Dieu simplement car il s’aime comme Dieu s’aime et Dieu est amour… amour de soi. Dieu est amour de soi. S’il nous aurait créé à son image, c’est parce qu’il trouvait qu’il manquait un peu de lui dans l’Univers. Et s’il nous aime, c’est parce qu’il se reconnaît en nous. C’est aussi comme ça que Jésus pouvait répandre autant d’amour autour de lui. C’est l’amour de soi qui permet l’amour des autres. Nous ne pouvons donner que l’amour que nous avons reçu. Nos parents ne nous ont pas donné de l’amour tel que l’amour divin. Les prêtres non plus… ils étaient trop occupé à distribuer de la honte d’être homosexuel que de parler de l’amour divin en chacun de nous… Ça il faut malheureusement le trouver pour soi-même.

Bien qu’il nous ait dit d’aimer l’autre comme on s’aime soi-même, Jésus ne nous a jamais dit comment s’aimer soi-même, ou du moins, ça n’est pas dans les Évangiles qui ont été retenus. Il faut observer comment Jésus agit et se rappeler que nous sommes invités et encouragés à faire comme lui. Il faut choisir, en quelques sortes, de commence à s’aimer.

J’ai résumé les maximes qui peuvent être appliqués si on cherche à trouver son amour propre :

  • Ne cherche jamais la validation de quelqu’un d’autre et n’agis pas pour te faire aimer.
  • N’utilise pas les autres comme des subordonnés ou des outils.
  • Tu n’as pas besoin des autres pour bien paraître, et tu n’as pas besoin de bien paraître.
  • Ne t’empêche pas d’agir car on te regarde ou pour qui tu vas se mettre à dos. La seule chose qui devrait t’empêcher d’agir sont les droits des autres.
  • Entoure-toi de ceux qui t’aiment et qui traitent ta parole comme valant de l’or. Si on cherche à t’évaluer et qu’on te questionne comme si on se demandait ce que ta parole vaut, tu as tout à fait le droit de refuser poliment de répondre… car…
  • …Sache que tu ne dois rien à personne.[1]
  • Complimente-toi, à voix haute, en public, et traite toi comme une personne d’importance à valeur élevée, te donnant des titres de noblesse si tu veux.[2]
  • Tu peux laisser croire aux autres que tu es le Fils de Dieu. Tu peux appeler Dieu « Papa » (c’est permis, car Dieu n’a pas un nom qui lui soit essentiel, il sait quand tu t’adresses à lui) et même dire « O Mon Dieu », car c’est tout à fait valide, c’est ton Dieu personnel à toi[3].
  • Agis en ton propre nom, c’est-à-dire, donne toi l’autorité d’agir et ne donne pas le crédit à un autre que toi-même pour tes exploits. (Jésus chassait les démons en son nom et pas celui de Dieu.)
  • Et quand tu aides les autres, ne leur demande de pas le crier sur tous les toits, voire demande leur de garder ça pour eux-mêmes.
  • N’aie pas honte d’enseigner ce que tu sais à ceux qui veulent bien apprendre de toi, (jusqu’à les laisser te suivre en brebis perdue – avec les réseaux sociaux c’est encore plus facile) Ne cache pas tes cartes. 
  • N’évite pas la solitude et va de toi-même, seul, dans un désert symbolique lorsque tu as besoin de temps pour toi-même. (Jésus a beau être suivi par des foules, ce n’est jamais devenu un besoin pour lui.)
  • N’évite pas la confrontation : que ce soit avec les autorités religieuses ou les forces de l’ordre, ainsi qu’avec tes amis, tes parents ou de parfaits inconnus et lorsque ça arrive tu n’as pas besoin de finir la confrontation avec une réconciliation.
  • Tu peux même renier tes parents en public et choisir qui tu appelles ta famille selon tes critères.
  • Parle aux gens de statut plus élevés comme s’ils sont à ton niveau. Ne te laisse pas impressionner par le statut d’une autre personne. (Jésus parlait à Satan comme il parlerait à n’importe qui, aux Pharisiens et à Ponce-Pilate.)
  • Donne-toi la liberté de lire et d’interpréter les textes à ta façon. Tu as le droit de cogiter sur des principes sous-jacents à toute la loi, divine ou humaine, sans que personne ne t’en ai donné la permission au préalable ou validé tes propos. (Jésus a fait cela à la loi divine de Moïse. Ces lois étaient en vigueur depuis 13 siècles avant sa naissance : et de ce que nous savons, c’est le premier qui s’est permis de contempler les lois dites divines d’une perspective divine, alors que c’est permis.)
  • Parle avec tes émotions, car tu ne dois pas avoir peur de les montrer. Tu peux même parler avec colère lorsque tu es indigné et tu peux même agir sur ta colère tant que tu ne vas pas jusqu’à être violent envers une personne.[4]
  • Ne cherche pas une bonne réputation, car c’est de placer ta réputation au-dessus de toi.
  • Ne cherche pas le succès mondain, laisse-le te trouver : fais donc ce que tu aimes faire et ce qui est important pour toi. Le succès viendra ou ne viendra pas, au moins tu auras fait ce que tu aimes et trouves important. Après qu’on t’aime, qu’on te déteste ou les deux à la fois, ça regarde autrui.
  • Ne craint pas la mort plus que tu ne crains une vie qui n’en vaille pas la peine d’être vécue.
  • Appelle les, ceux qui t’invalident, « Satan », même quand c’est un de tes meilleurs amis.[5]

L’émotion « amour de soi » se fera sentir si on commence à se donner de l’amour. Mais il faut choisir de s’aimer, autrement dit, de redevenir enfant. C’est le seul choix qu’on puisse vraiment faire.

Mais dites-moi, mes frères, que peut encore l’enfant dont le lion lui-même eût été incapable? Pourquoi le lion ravisseur doit-il encore devenir enfant? C’est que l’enfant est innocence et oubli, commencement nouveau, jeu, roue qui se meut d’elle-même, premier mobile, affirmation sainte. En vérité, mes frères, pour jouer le jeu des créateurs, il faut être une affirmation sainte; c’est son propre vouloir que veut à présent l’esprit; qui a perdu le monde, il conquiert son propre monde.

Nietzsche. Ainsi parlait Zarathoustra. Les trois métamorphoses

Ainsi, cessez donc de jouer au chameau qui attend assis qu’on le surcharge de cargo et qui va tomber. Arrachez-vous du cycle, en lion, afin de redevenir enfants. Les questions sur la volonté en disant « qui veut, peut » ou « where there’s a will there’s a way », c’est juste une manière de nous invalider en jetant le blâme de tout échec sur notre volonté. Mais ça veut dire quoi? Plus on se gonfle à bloc en se motivant et en y mettant toute notre volonté, plus ça éclate lorsque ça ne se passe pas comme on se l’était imaginé précisément pour se gonfler à bloc.

Le péché originel, c’est de la foutaise ! Tu es né parfait, à l’image de Dieu. La loi qu’on a reçu de Dieu stipule que les enfants ne souffrent des péchés de leurs parents que pour quelques générations : si c’est vrai, ça fait longtemps qu’on en souffrirait plus. « Le Royaume des Cieux appartient à ceux qui [ressemblent aux petits enfants.] » Les petits enfants n’ont pas encore intériorisé les blessures de leurs parents qui leur réinflige en appelant cela : éducation. On s’empêche collectivement d’être dans le Jardin car on s’occupe trop à s’invalider en appelant cela de l’amour. Le monde, il ne faut pas l’accepter tel qu’il est, car c’est ce qui fait souffrir les centres de l’Univers que nous sommes en vérité.

L’Islam original: « Paix sème Allah »

Le Texte du Coran est beaucoup plus près de nos valeurs individualistes occidentales qu’on le pense. En effet, Dieu ne nous demande pas de changer les habitudes du peuple pour faire preuve de plus de piété. Le verset 39 de la 39e Sourate nous dis « Dis : « Ô mon peuple! Agissez selon vos habitudes, moi, j’agis différemment. » » Il n’est pas question de changer les autres. C’est sa propre route sur le chemin d’Allah qu’il faut trouver et suivre.

Et si on t’empêche de suivre ton chemin, de toi faire autrement, c’est là que le Coran prescrit le recours à la violence :

« Combattez dans le chemin d’Allah ceux qui vous combattent. Ne transgressez pas (le chemin) : Allah exècre les transgresseurs. Tuez-les (les trangresseurs) là où vous les rencontrez (c.-à-d. dans le chemin), expulsez-les d’où ils vous auront expulsés. La sédition est plus grave que le combat. »

Sourate 2 Versets 190-191

Ceci étant dit, pour qu’on en vienne à transgresser le chemin d’Allah, c’est que nous sommes en société liberticide ou totalitaire. En effet, si quelqu’un m’empêche de suivre ma route sur le chemin d’Allah c’est forcément un régime politique totalitaire ou un individu criminel. Ce n’est pas transgresser le chemin d’Allah que de ne pas suivre sa loi tel qu’une femme ne portant pas le hijab : elle n’empêche pas de suivre le chemin, donc le chemin n’a pas été transgressé. Elles ne bloquent pas le chemin car elles ne sont même pas dessus.

C’est si on va jusqu’à t’interdire, t’empêcher de toi suivre la loi divine que le chemin est transgressé. Dans ce cas, entre être forcé par quelqu’un d’autre d’aller en enfer et le tuer : le tuer est le choix rationnel. C’est un pacte one-on-one avec Dieu où tu n’as qu’à suivre sa loi pour aller au paradis et elle te dit de ne pas faire comme les autres. Donc quiconque veut forcer les autres à faire comme lui n’a pas compris le message.

Lorsque c’est un régime politique qui oppresse tes libertés fondamentales, c’est le régime politique qu’il faille tuer. Pour qu’un individu en arrive à t’empêcher de suivre ta religion, il doit user de force physique contre toi de telle sorte que ce serait légalement de la légitime défense. Pensons aux Ouïghours par exemple, où l’État chinois les force dans un camp de concentration. La résistance armée serait justifiée dans la mesure où on vise à supprimer leur différence. La même résistance aurait été justifiée en Algérie lorsque le Front Islamique a usé de méthodes criminelles pour obtenir le pouvoir visant à empêcher les autres de faire différemment et donc de suivre le chemin d’Allah.

« Alors que je dormais, j’ai vu en rêve des personnes portant des chemises qui se rendaient jusqu’à la poitrine et d’autres plus court que cela encore. » […] « Et comment l’as-tu interprété Ô Apôtre d’Allah? » Il répond :
« C’est la Religion »

Sahih Bukhari Vol.1, Livre 2, No. 22

Quelqu’un qui représente une difficulté supplémentaire sur ta route, telle qu’une belle femme ou un bel homme qui montre ses atouts en public alors que le Coran dit d’être chaste, ne transgresse pas le chemin. À en lire cette citation des Hadiths, ils feraient même partie de la Religion. Ce n’est pas lorsque la route devient difficile parce que les autres font selon leurs habitudes qu’il y a transgression.

La logique du Coran s’applique aussi à l’intérieur de l’Islam. Ainsi, la shari’a (traduction littérale : le chemin) doit permettre à l’individu de faire autrement sinon la shari’a, le chemin, transgresse elle-même le chemin.  Nul doute qu’un peuple sous la loi de la shari’a doit être diversifié et individualiste. C’est une religion de la culture alternative qui exige d’être en quelques sortes un punk. Un punk qui va aller au front pour défendre la possibilité de se détourner des normes sociales lorsqu’on le lui en empêche. C’est donc que le monde, il faut le changer lorsqu’il n’est pas propice. S’il t’empêche d’être qui tu es et de faire autrement, quand bien même ce serait hors-normes, alors ce monde t’empêche de suivre ta propre route sur le chemin d’Allah : et ta route ne peut pas être la même pour d’autres.

Le mal-être et le bien-être religieux

Je crois qu’il est clair de l’exemple de l’Islam et du christianisme qu’on peut voir d’où vient la mentalité des vendeurs de livres sur le bien-être. C’est comme s’ils avaient accepté et intériorisé la religion ordinaire comme quoi il y a une seule route sur le chemin à suivre. Et ça adonne qu’il peut nous la montrer dans son livre. Il n’est pas permis pour eux de s’indigner, car cela serait de la prérogative de Dieu (C’est Jésus qui aurait le droit de renverser une table, pas toi… mon œil!)

Pourtant, ces deux visions ordinaires ont la même prémisse : c’est que ce sont des Pharisiens qui viennent la renforcer. Celui qui vend des livres sur le succès gagne en revenus passifs les profits de ses livres : c’est sur le revenu passif qu’il arrive à réussir comme il réussit. Il va te faire croire que c’est toi le problème, mais non, ce sont encore les Pharisiens comme lui.

Les religions sont destinées à être une force pour le croyant individuel, et non pas une suite d’interdits qui lui mettent des bâtons dans les roues.  Surtout, elles ne doivent pas servir, comme les livres sur le bien-être, à enfermer le croyant dans une spirale descendante vers la haine de soi. Mais comme le tour de magie est plus fort dans une religion que dans un livre de « self-help », on peut le retourner encore plus fort sur sa tête.

Et c’est le mode de l’évolution des religions que nous avons suivi historiquement : elles gagnent beaucoup de terrain dans leur jeunesse car elle renforce le croyant et que ce mode de pensée lui est avantageux (l’original). Il se forme ensuite des Pharisiens qui par les débats intellectuels ont fini par retourner le sens de la religion sur sa tête et ils créent un sens ordinaire. Et dans le cas de l’Islam et du christianisme, cela fait assez longtemps que nous les avons qu’ils en ont dicté la culture jusqu’aux méthodes d’éducation des enfants.

Pourtant, dans la Bible et le Coran, je n’ai pas lu qu’il devait y avoir un passage de l’enfance à l’âge adulte… ça c’est encore une autre religion.


[1] Jésus ne se sent même pas obligé de répondre aux questions qu’on lui pose, même lors d’un procès où la peine de mort est possible. Il donne la réponse qu’il veut donner, s’il veut en donner une (parfois il refuse de répondre, tout simplement) mais il ne répond pas aux questions qu’on lui pose comme un écolier lors d’un examen.

[2] Beyoncé parle de Beyoncé comme Jésus parle de Jésus, c’est ce niveau d’amour de soi qu’il faut se donner. Jésus s’appelait Prince, ou l’Époux à sa noce, bref, pas comme un n’importe-qui.

[3] Dieu est personnel en ce qu’il ne se comprend pas de la même façon d’une personne à l’autre : dire que Dieu n’est pas personnel c’est le réduire à son nom. Car seul le Nom de Dieu est commun à tout le monde : mais le mot « Dieu » résonne différemment d’une personne à l’autre, donc il est personnel.

[4] Ce n’est pas être violent que de parler avec colère comme crier peut l’être. Les gens se sentent violentés lorsqu’on les fait sentir des émotions, mais ça n’est pas à toi d’être le garant de leur confort émotionnel. S’ils ne prêtent pas attention à ce que tu dis et s’arrêtent aux signes externes que tu ressens de la colère, ce sont eux qui ratent la cible. Il faut toujours écouter ce qu’une personne dit et non pas comment ça feel ce qu’elle dit.

[5] Lorsque Jésus révèle qu’il sera mis à mort, Pierre l’invalide et Jésus lui dit « arrière Satan ». Et n’invalide les autres que la mesure où ils briment tes libertés : c’est car les Pharisiens cherchaient à lui empêcher d’agir qu’ils les invalidaient au niveau de leurs enseignements. Mais, par exemple, Jésus n’a pas invalidé les païens, il a même remis le pouvoir politique et fiscal à César et son empire du paganisme.

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